Alors que la République Démocratique du Congo enregistre des avancées significatives dans sa lutte contre le banditisme urbain, le gouvernement s’apprête à ouvrir un nouveau front : le détournement des deniers publics. Constant Mutamba, ministre d’État en charge de la Justice et Garde des Sceaux, a annoncé lors d’un briefing le lundi 6 janvier 2025 la création imminente d’un parquet financier. Cet organe sera spécialement dédié à la poursuite des crimes économiques et des actes de corruption, avec une ligne directrice claire : tolérance zéro envers les détourneurs de fonds publics, incluant l’application de la peine de mort pour les cas les plus graves.

Le détournement des deniers publics est devenu un véritable couac dans la gestion des affaires de l’État congolais. Les scandales financiers s’enchaînent, et les montants en jeu ne cessent de croître, atteignant souvent des dizaines, voire des centaines de millions de dollars. Ces pratiques compromettent la réalisation de projets essentiels pour le développement du pays et affectent directement la qualité de vie de millions de Congolais.

Constant Mutamba a exprimé son indignation face à cette situation, déclarant : « Le détournement des fonds publics est un crime contre l’État et contre le peuple. Chaque dollar volé est une école, un hôpital ou une route en moins pour nos citoyens. Il est temps d’y mettre un terme de manière exemplaire. »

Pour ce faire, le ministre a annoncé la mise en place d’un parquet financier, qui aura pour mission de traiter exclusivement les dossiers de corruption et de détournement. Une mesure qui s’inscrit dans une stratégie plus large de restauration de l’État de droit en RDC.
Des sanctions exemplaires : la peine de mort en ligne de mire
Le ministre Mutamba n’a pas mâché ses mots : la peine de mort sera appliquée dans les cas de détournement avéré de fonds publics. Cette décision, bien qu’elle promet suscite des débats comme dans le cas de la peine de mort appliquée pour les « kuluna », reflète la volonté du gouvernement d’instaurer un climat de dissuasion face à des pratiques qui sapent les fondements de la nation.
Depuis 2024, le moratoire sur l’application de la peine de mort en RDC a été levé, permettant à la justice de recourir à cette sanction pour des crimes jugés particulièrement graves. Dans le cadre de cette réforme, le parquet financier deviendra un outil clé pour identifier, poursuivre et punir les responsables des détournements.

Des résultats encourageants dans la lutte contre le banditisme urbain

Parallèlement, le gouvernement continue de combattre le phénomène des « Kuluna », ces gangs urbains qui terrorisent les grandes villes du pays, notamment Kinshasa. Grâce à une stratégie combinant arrestations massives et jugements rapides, bien qu’il y a encore beaucoup à faire, les autorités ont réussi à réduire considérablement les actes criminels dans certains coins de la capitale.

Les opérations « Ndobo » et « Zéro Kuluna » ont conduit à l’arrestation de centaines de criminels et à l’organisation de 11 audiences foraines, où plus de 300 « Kuluna » ont été condamnés à des peines allant de deux ans de prison à la peine capitale pour les cas les plus graves.
« Nous avons prouvé que la fermeté et l’application rigoureuse de la loi peuvent restaurer la sécurité dans nos villes. Il est temps d’appliquer cette même logique à la lutte contre le détournement des fonds publics », a souligné Constant Mutamba.

Vers un État de droit renforcé

Le parquet financier représente une avancée majeure dans la gouvernance de la RDC. Il s’inscrit dans une vision à long terme visant à rétablir la confiance des citoyens envers l’État et ses institutions. Outre la répression, le gouvernement envisage également des mesures de prévention, telles que l’amélioration de la transparence dans la gestion des finances publiques et la sensibilisation des agents publics à l’éthique et à la responsabilité.
Les autorités appellent également la population à jouer un rôle actif dans cette lutte, notamment en dénonçant les cas de corruption et en collaborant avec les forces de l’ordre.
Un message clair aux ennemis de la nation

En combinant la lutte contre le banditisme urbain et celle contre la corruption, le gouvernement congolais envoie un message fort : l’impunité ne sera plus tolérée. Avec la création du parquet financier et la consolidation des acquis dans la lutte contre les « Kuluna », la RDC aspire à devenir un État de droit où règne la justice sociale.

Les prochains mois seront décisifs pour évaluer l’impact de ces réformes. Entre espoir et défi, la RDC semble déterminée à tourner une page sombre de son histoire et à se diriger vers un avenir plus juste et plus prospère.

Tighana MASIALA

Kiosque d'Afrique