Depuis belle lurette, Kinshasa affiche une position intransigeante face à toute demande d’engager des négociations directes avec le M23, un mouvement estampillé terroriste soutenu, selon les rapports de l’ONU par le Rwanda. Pendant ce temps, on assiste à un statut quo diplomatique alors que les rebelles continuent de progresser sur terrain.
La diplomatie est dans l’impasse. Du côté de la médiation angolaise, pas des nouvelles mauvaises nouvelles. Aucune issue politique à cette crise n’est envisageable. À qui donc profite ce blocus en ce moment où, avec la prise de Masisi-Centre sous contrôle du M23, la crise humanitaire ne va que s’aggraver ? À quoi sert une posture ferme, mais avec peu des résultats tangibles sur terrain ? Faudrait-il combien des morts, combien des déplacés internes pour qu’on voit les choses sous un autre angle?
Dans un contexte de tensions persistantes dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a récemment affirmé une position ferme face à l’agression rwandaise et au rôle du M23. Cependant, cette posture officielle soulève des questions, car elle semble manquer de suivi concret sur le terrain, laissant les populations locales dans une situation toujours plus précaire.
Une posture ferme, mais peu de résultats tangibles
Patrick Muyaya a réitéré l’engagement du gouvernement congolais à résoudre la crise, soit par la diplomatie, soit par une action militaire. Pourtant, cette fermeté reste largement perçue comme des déclarations sans effet réel. Le président Félix Tshisekedi lui-même a, à plusieurs reprises, tenu des propos forts à l’égard du Rwanda et du M23, sans que des mesures concrètes ne suivent.
La montée en puissance des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), vantée comme un élément clé de la stratégie nationale, apparaît de plus en plus comme un simple slogan. Sur le terrain, les FARDC peinent à contrer l’avancée du M23, qui continue d’occuper des territoires stratégiques dans l’Est du pays, aggravant une crise humanitaire déjà alarmante.
Une position ambiguë face aux négociations
Alors que le gouvernement affirme ne pas vouloir négocier avec le M23, il accepte paradoxalement de dialoguer avec ceux qu’il qualifie de « parrains » ou « marionnettistes » du mouvement rebelle, en l’occurrence le Rwanda. Cette posture ambiguë affaiblit la crédibilité de l’État congolais, donnant l’impression que les actions concrètes sont remplacées par des discours qui ne freinent en rien les exactions du M23 et de ses soutiens.
Une crise humanitaire qui s’aggrave
L’inaction militaire et l’absence de solutions diplomatiques efficaces laissent les populations locales livrées à elles-mêmes. L’occupation de villages et de villes par le M23 a entraîné des déplacements massifs, une insécurité croissante et un accès réduit aux services de base. Les déclarations du gouvernement, bien qu’elles traduisent une volonté de protéger les citoyens, ne parviennent pas à répondre aux besoins pressants des millions de Congolais affectés par cette guerre.
Le dilemme de l’action gouvernementale
Historiquement, les différends entre États se résolvent par la diplomatie ou la guerre. Dans ce cas précis, le gouvernement congolais semble osciller entre des options qu’il peine à concrétiser. Le manque de coordination, les difficultés logistiques et les pressions internationales compliquent davantage la mise en œuvre d’une stratégie claire et efficace.
Une crédibilité à reconstruire
Si la RDC souhaite réellement mettre fin à l’agression rwandaise et aux activités du M23, elle doit impérativement transformer ses déclarations en actions concrètes. Cela implique :
1. Renforcer les FARDC : Pas seulement en paroles, mais par des investissements sérieux dans les équipements, la formation et le renseignement.
2. Adopter une position cohérente : Si la négociation est rejetée avec le M23, elle ne peut être envisagée avec ses soutiens directs sans perdre en crédibilité.
3. Mobiliser les partenaires internationaux : Pour isoler diplomatiquement le Rwanda et renforcer la pression sur ses actions dans l’Est de la RDC.
Bien que Patrick Muyaya ait exprimé une volonté de résoudre la crise par des moyens diplomatiques ou militaires, le contraste entre les discours officiels et la réalité sur le terrain reste frappant. Les populations de l’Est de la RDC continuent de souffrir, tandis que les déclarations fermes du gouvernement peinent à se traduire en actions concrètes. La paix dans l’Est ne pourra être obtenue qu’à travers une stratégie cohérente et des efforts tangibles, sans quoi les discours resteront de simples échos face à une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver.
Éden-Pascal