L’envie de contrôler le perchoir de l’Assemblée nationale divise le présidium de l’Union Sacrée de la Nation où la gestion des ambitions devient de plus en plus compliquée. Le point d’achoppement c’est la présidence de la chambre basse du parlement. Deux ténors de cette plateforme politique qui a emmené l’actuel Président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à une écrasante victoire aux dernières élections de décembre 2023 (pour son second et dernier mandat) sont engagés dans une guerre fratricide sans merci. Une bataille épique qui traduit justement la fragilité qui mine de l’intérieur, le camp présidentiel.

En effet, Vital Kamerhe, Président de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise) et Christophe Mboso, Président du CRD (Convention pour la République et de la Démocratie) ont tous deux déjà exprimé leurs ambitions de gouverner le prochain bureau de l’Assemblée nationale qui devra être mis en place dans pas avenir très proche. Et c’est à la grande surprise de l’opinion nationale qui lisait une certaine cohérence et cohésion au sein de la famille politique présidentielle surtout lorsqu’il fallait soutenir, contre vent et marré, la candidature de Félix Tshisekedi.

Pour l’instant, rien n’est comme hier. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont et les anciens amours sont dans les oubliettes. Les résultats définitifs proclamés par la Cour constitutionnelle ont évidemment suscité des ambitions, parfois démesurées, chez certains acteurs politiques. Mais la notion de l’ambition doit rimer avec cette de la mesure des capacités, mieux du poids politique.

Un jeu honteux

Après chaque élection, la redistribution des cartes est une règle irréfutable au sein des familles politiques. Chacune voudrait, proportionnellement à son poids politique, occuper un espace de pouvoir durant la mandature. L’Union Sacrée, qui n’échappe pas à cette règle, devrait aussi procéder à la répartition des responsabilités parmi ses grandes figures déjà bien identifiées.

Dans la régulière, chacun connaissant son poids politique réel, les conflits internes ne sont pas justifiables pour le cas de l’USN. Et pour l’instant, rien ne peut expliquer cette querelle byzantine et honteuse entre Vital Kamerhe et Christophe Mboso. Celle-ci n’aura pour seul mérite que de jeter un discrédit sur la famille politique du Chef de l’Etat et semer le germe de discorde qui pourrait avoir un impact néfaste sur la cohésion interne ou même dans la gouvernance.

Cette scène obscène qui nous est livrée par ces deux figures de proue de l’USN est peut-être une démonstration de l’impossibilité pour les politiques congolais de cohabités ensemble même lorsque le terrain semble bien apprêté. L’égoïsme qui a toujours caractérisé l’homme politique congolais est patent.

Le retrait de la candidature d’Augustin Kabuya, Secrétaire général de l’UDPS, au poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale, pourrait bien inspirer les autres sociétaires de l’Union Sacrée de la Nation.

Mais que vaut chacun ?

Au sortir des dernières élections et du travail abattu par l’Informateur, Augustin Kabuya, il ne fait aucun doute non seulement sur le poids politique des uns et des autres, mais aussi sur la part que chaque parti politique pouvait avoir, bien au-delà des ambitions toutes légitimes certes.

L’Union pour la Nation Congolaise, UNC, de Vital Kamerhe, l’élu de Bukavu, est rangée en troisième position (avec 33 élus nationaux soit 7,38%) derrière la mosaïque de l’UDPS (120 élus nationaux soit 26,85%) et celle de l’AB (Agissons pour Bâtir qui a obtenu 47 élus nationaux soit 10,51%) du désormais ancien Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde.

Par contre, le regroupement AACRD (Actions des Alliés de la Convention pour la République et de la Démocratie) de Christophe Mboso n’a pu obtenir que 10 élus nationaux soit 2,24% et est classé à la douzième place au sein de l’Union Sacrée.

Manifestement, la clé de répartition est bien établie et cette guéguerre n’a pas son sens.

Rappelons que Modeste Bahati Lukwebo avait quitté la famille politique de Joseph Kabila, FCC (Front Commun pour le Congo), par ce qu’on lui a refusé la gestion d’une des institutions c’est-à-dire l’Assemblée nationale ou le Sénat alors son regroupement politique AFDC-A était la deuxième force au sein de la majorité parlementaire de l’époque. Et l’Union Sacrée devrait éviter de reprendre les erreurs du passé comme l’avait annoncé le Président de la République, Félix Tshisekedi.

Questions : sur quoi compte Christophe Mboso pour se faire élire ? La corruption ? La trahison comme c’est de coutume en RDC ?

Ancien sociétaire du FCC-Kabila de triste mémoire et après un passage éclair à ce même perchoir qu’il convoite aujourd’hui où il n’a pas fait mieux que piètre figure, et du haut de ses 82 ans d’âge, Christophe Mboso ferait mieux d’agir par sagesse et non par appétit boulimique du pouvoir en ce moment où la jeunesse congolaise est en quête d’un modèle inspirant.

Ph.K