Étaient-ils vraiment frères ? Fallait-il qu’on se trompe de perception sur la nature de rapport à entretenir avec un voisin constamment belliqueux ? Ces questions calment leur pesant d’or au regard de l’actualité actuelle.

D’abord, « Mon frère ». C’est les deux mots à travers lesquels le Chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi a voulu,de bon cœur peut-être, inauguré sa relation avec son homologue Rwandais, Paul Kagame. Ultra, celle des deux pays aussi frères et qui, géographiquement, sont condamnés à vivre l’un à côté de l’autre, in aeternum.

Mais, toutes les recettes combinées, on dirait que l’intention de Fatshi ne pouvait faire long feu d’autant plus que les velléités hégémonique (ou hégémoniste) et expansionniste du pays de mille collines ne se sont pas estompées. Mieux le rôle d’éventail joué par le Rwanda dans le théâtre de l’insécurité dans l’Est de la RDC n’a pas encore pris fin.

Affichez votre publicité ici

Dans l’opinion congolaise très dubitative, la démarche de Félix Tshisekedi était vouée à l’échec. Va-t-en guerre, les partisans de cette position n’ont jamais approuvé un quelconque rapprochement, sous n’importe quel prétexte, entre Kinshasa et Kigali. Certains congolais, à tort ou à travers, avaient accusé le Chef de l’État de traître ou de laxiste.

Les plus modérés recrutés notamment au sein du parti au pouvoir, UDPS, ont estimé qu’il fallait donner une seconde chance aux relations bilatérales entre les deux voisins. Mais hélas ! Quelle n’a pas été leur désillusion ! Le soutien du Rwanda au M23, l’occupation de Bunagana par ce mouvement terroriste et leur avancée, récemment annoncée, vers d’autres villages dans le Nord-Kivu, est une douche froide aux espoirs de Tshisekedi de partir avec Kagame d’un bon pied. De l’huile au feu.

Puis, « il m’a poignardé dans le dos ». C’est la phrase du constat. Constat de l’échec de toutes les tentatives d’harmoniser les rapports bilatéraux. Il était pourtant prévisible, et Fatshi Béton s’en est inéluctablement rendu compte « tardivement ». Le temps est venu pour Kinshasa de corsé non seulement son discours mais surtout ses actes vis-à-vis d’un Kigali délinquant. Fatshi s’est donc montré ouvert aux propositions venant surtout d’une certaine opposition – s’il y en a encore une. Notamment l’expulsion de l’ambassadeur rwandais à Kinshasa, Vincent Karega, et la rupture des relations diplomatiques. Nonobstant la trahison à laquelle fait allusion Félix Tshisekedi à travers le « il m’a poignardé dans le dos », le fils du Sphinx a choisi une autre approche : la progressive. C’est-à-dire, envisager soit l’escalade soit la désescalade d’une crise de manière échelonnée en allant de petits actes à ceux les plus lourds, même en conséquence.

Enfin, « le Conseil Supérieur de la Défense, CSD » décide de l’expulsion de Karega du territoire congolais. Eh oui, au regard de la dégradation de la situation sécuritaire dans la partie Est de la RDC marquée notamment par l’occupation illégale de Kiwanja et Rumangabo, la tolérance, le calme n’étaient plus des mots à utiliser dans la fatshisphère. Des mesures drastiques mais mesurées devraient être prises et exécutées. En ordre d’importance, le renvoi de Karega Vincent devenait imminent. Chose dûe, chose faite. Ce lundi, la notification de la décision du gouvernement congolais de le voir quitter la terre de Lumumba lui a été remise par le Vice-premier Ministre, Ministre des Affaires Étrangères, Christophe Lutundula. Karega devrait faire ses valises et s’exécuter.

Les rapports entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame se détériorent. Les signes d’apaisement ne sont pas perceptibles surtout que l’on sait que toutes initiatives diplomatiques ont été bafouées par le pouvoir de Kigali. Les jours avenirs peuvent être plus orageux.

Et la question de savoir si la cohabitation pacifique est encore possible entre Kinshasa et Kigali mérite une attention particulière.

Vivra, verra.

Philippe KAZADI OMOMBO