Siège de la Ceni à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Six mois seulement. Juste un semestre. Et ce sera les élections. On peut ressasser à l’infini des expressions convenues pour alerter sur l’imminence de ce grand rendez-vous quinquennal : dernière ligne droite, compte à rebours…

Abonnés à des postures souvent surréalistes  plutôt qu’à des prises de position réalistes assorties de propositions concrètes, les acteurs politiques ont beau jeu de multiplier des annonces, des déclarations  sur le respect du calendrier. L’heure de vérité n’est plus cet horizon lointain qui s’évaluait en termes d’années. Au point où on en est, on ne voit pas trop comment toutes les hypothèques pourront être évacuées et surtout  vidées pour organiser des élections inclusives.

Six mois pour mobiliser plusieurs centaines de millions de dollars dans un contexte où l’Etat peine à s’approcher de la barre budgétaire de …16 milliards de dollars ! La dépréciation accélérée du franc congolais et l’érosion subséquente du pouvoir d’achat montre que la marge de manœuvre de l’Exécutif est ténue.

Six mois pour créer les conditions d’un scrutin véritablement national. Allusion aux trois territoires absents des opérations préélectorales à savoir Kwamouth, Masisi et Rutshuru.

Six mois pour gagner le pari de l’inclusion. Comment organiser des élections inclusives sans l’implication des oppositions ? Or, celles-ci n’ont de cesse de brandir un long chapelet de préalables à leur participation au scrutin. Certes,  les motivations des opposants ne sont pas toutes …catholiques. Il y a une part de calculs politiciens à large spectre. Notamment pénétrer dans le jeu institutionnel pour marquer le Pouvoir à la culotte. Ou se tenir carrément par la barbichette. 

 De même que la rhétorique pro « élections » du Pouvoir paraît cacher mal l’intention du Régime de profiter de sa position dominante en vue de prendre à la fois de vitesse et au dépourvu  ses adversaires. Difficile de ne pas penser à la boutade selon laquelle « en Afrique, on n’organise pas les élections pour les perdre » !

Le hic, c’est que les élections ne sont pas une fin en soi. Bien organisées, elles permettraient  la nécessaire respiration démocratique. Bâclées et insuffisamment inclusives, elles seraient susceptibles de provoquer l’embolie démocratique avec des conséquences désastreuses sur la cohésion nationale.

Vu l’état de ce pays-continent en proie en ce moment à moult tissons – crispation politico-sociale, agression, forces centrifuges, groupes armés…-, les « élections à tout prix » en décembre pourraient ressembler à ce vrai faux remède qui, au finish, s’avère plus dangereux que le mal à soigner.  

José NAWEJ