Dans son adresse à la nation, le Président congolais, Félix TSHISEKEDI a presque fait un bilan sécuritaire et diplomatique pour démontrer combien il a longuement et longtemps prêché pour la paix dans la sous-région, particulièrement dans l’Est de son pays pris en sandwich par plusieurs pays dont principalement le Rwanda qui constitue le catalyseur de son insécurité chronique. Discours jugé certes mobilisateur, mais surtout réitératif par nombre d’observateurs.

Promise depuis le samedi 29 octobre par le porte-parole du gouvernement, Patrick MUYAYA à l’issue de la réunion du conseil supérieur de la défense, l’adresse de Félix TSHISEKEDI à la nation s’est faite ce jeudi 03 novembre 2022 dans la soirée sur la chaîne nationale (RTNC).

Si le citoyen lambda s’attendait à une déclaration de guerre contre le Rwanda par le commandant suprême des FARDC parce qu’ignorant la teneur des prescrits constitutionnels y relatifs (art. 86 et 143), l’élite par contre ne voyait pas en Félix TSHISEKEDI un belliqueux pouvant pondre un discours va-t-en-guerre du fait qu’il a pleinement conscience du niveau d’infiltration dans les rangs des FARDC, des services d’intelligence (militaire comme civil) voire de la PNC où d’ailleurs une défection a été enregistrée hier, peu avant son adresse à la nation, d’un colonel de la PNC, le nommé GAKUFE, affecté à Masisi, qui vient de rejoindre les troupes rwandaises du M23.

À en croire plusieurs experts de la région, « il serait trop osé, voire suicidaire à l’heure actuelle, pour Félix TSHISEKEDI, de déclarer officiellement la guerre contre un Rwanda qui a des yeux, des oreilles, des mains et des pieds à tous les niveaux de commandement du pays, même dans les domaines les plus névralgiques comme l’armée et les renseignements« .

En effet, depuis un certain temps, il ne se passe plus une semaine sans que la nouvelle de l’arrêstation qui d’un général traître ou d’un officier supérieur n’enflamme la toile en RDC à l’instar de celle de GAKUFE aux traits morphologiques irréfutablement rwandais.
Pendant ce temps, la mission dévolue à l’Inspectorat général des FARDC pour dénicher éventuellement lesdits infiltrés se fait toujours bizarrement attendre sans aucune explication convainquante.

DES RÉITÉRATIONS RÉVOLTANTES MAIS NÉCESSAIRES !

Depuis la prise de la cité de Bunagana par les troupes rwandaises du M23, le président congolais, Félix TSHISEKEDI, a multiplié des sorties médiatiques et ponctuelles, des déclarations à la presse et dans les tribunes des organisations sous-régionales (CEA, SADC…), régionale (UA) et internationale ou mondiale (NU), dans l’espoir d’une part, que ses discours dissuaderaient le Rwanda pour arrêter avec ses velléités hégémoniques sur la RDC, et d’autre part, pour avoir l’adhésion de la communauté internationale dans la thèse de l’agression dont son pays est victime de la part du Rwanda. Jusqu’ici, c’est plutôt le second objectif qui semble être atteint eu égard à la condamnation tour à tour par l’administration américaine, l’UE et la Belgique du soutien avéré du Rwanda au M23. Des professions de foi qui sont loin d’arrêter le Rwanda plus que décidé d’occuper des terres congolaises tout en exploitant à fond leurs richesses minières.

A proprement parler, de l’avis de plusieurs observateurs, le discours de Félix TSHISEKEDI du 03 novembre 2022 ne contient pas des phrases d’une grande fermeté comme ceux tenus précédemment à Luanda dans une interview accordée au journal américain Financial Times le 06 juillet 2022. « […] nous ne sommes pas faibles » ; avait-il averti, avant d’ajouter : « La RDC veut la paix, mais si les choses se gâtent à un moment donné, nous prendrons des mesures »; menaçait-il. Question : En suppléant deux autres localités à Bunagana pour être à plus ou moins 40 km de la ville de Goma, les troupes rwandaises du M23 n’ont-elles pas encore gâté les choses pour prendre des mesures de nature à faire payer au pays agresseur (Rwanda) le lourd tribut qu’il ne cesse de faire payer aux Kivussiens? Car dit-on, « le tigre ne crie pas sa tigritude, mais il saute sur le gibier ».

Par ailleurs, « plus forts ou menaçants » ont été les mots prononcés contenus dans son discours du haut de la tribune des Nations Unies le 20 septembre 2022 en marge de la 77 ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New-York. Lesquels (mots) agitèrent tellement le président français, Emmanuel MACRON qui réunit les deux chefs d’État africain le jour suivant pour tenter d’arrondir les angles. « Nous peuples congolais, sommes décidés cette fois-ci, à mettre définitivement fin à l’insécurité à l’Est de notre pays quoi qu’il en soit, quoi qu’il en coûte. L’heure a sonné de casser à jamais le cycle infernal de la violence à l’Est de la RDC« ; avait-il martelé. Et comme pour se moquer de tous ces mots, plus ou moins un mois plus tard, les troupes rwandaises du M23 ont fait une avancée spectaculaire vers la ville de Goma avec des dégâts humains et humanitaires sans nombre. Plus loin, d’aucuns estiment que « même les récentes nominations et promotions dans les rangs des FARDC n’ont absolument pas inquiété ces troupes rwandaises du M23 ».

PAS D’ENGAGEMENT FERME DE TSHISEKEDI !

La menace de « faire subir aux traîtres civils comme militaires la rigueur de la loi » exprimée par Félix TSHISEKEDI dans son discours semble d’ores et déjà avoir du mal à être prise au sérieux dans l’opinion dès lors que « certains officiers supérieurs dénoncés à tue-tête depuis son accession à la magistrature suprême ne sont jamais ou presque inquiétés à la mesure de leur traîtrise ». Pire, dans un pays sérieux, un citoyen, quel que soit son rang social, s’il venait à déclarer publiquement connaître les députés nationaux membres ou propriétaires des groupes rebelles, serait déjà dans le collimateur des services d’intelligence principalement la DEMIAP (renseignements militaires) ». C’est le cas du président de l’Assemblée Nationale Christophe MBOSO N’KODIA qui avait une fois menacé de dresser la liste des députés nationaux qui s’évertuent dans cette traîtrise nationale sans jamais le faire jusqu’à aujourd’hui, et sans que personne ne lui en demande des comptes.

En dehors de cette attitude laxiste vis-à-vis des personnalités suspectes, Félix TSHISEKEDI a manqué, selon certaines langues, d’arrêter les mesures les plus impopulaires en circonstances exceptionnelles que connait le pays dans sa partie Est particulièrement. C’est celle interdisant toute l’oisiveté et temps de loisir à la kinoise : suspension sur toute l’étendue du territoire national des concerts, fêtes tapageuses, débits de boissons, activités politiques, manifestations ou rassemblements populaires, voire annoncer le report possible de l’organisation des jeux de la francophonie, etc. « L’oisiveté étant la mère de tous les vices » dit-on.

Il n’y a une phrase dans le discours prononcé par Félix TSHISEKEDI hier jeudi 03 novembre qui a émerveillé plus d’un observateur est celle de savoir que : « Dans cette crise sécuritaire, personne ne viendra défendre l’intégrité territoriale de la RDC plus que ses fils et ses filles qui bravent le feu ennemi au front, et ceux et celles appelés à se mobiliser autour de l’action du commandant suprême des FARDC« .

Ni la force régionale ou sous-régionale ne pourra rétablir la paix compromise à l’Est ou ailleurs si ce ne sont les fils et filles du pays servant déjà sous le drapeau, et ceux et celles appelés à s’enrôler massivement pour grossir les rangs des forces combattantes et de sécurité.

Wait and see !

Dieu merci KANDA MPOYI.