La ville de Kinshasa vit dans une psychose permanente due aux divers kidnappings signalés quotidiennement. Se promener pendant les heures tardives devient plus que dangereux dans la capitale congolaise. Aidées par les réseaux sociaux, les familles des victimes lancent régulièrement des avis de recherche. Mais le responsable de la police de Kinshasa dit tout le contraire. Pour lui, le phénomène kidnapping organisé n’existe pas, il ne s’agit que des rumeurs.

En effet, dans une interview accordée à la radio onusienne le Commissaire provincial de la Police nationale congolaise de Kinshasa, le Commissaire divisionnaire adjoint Blaise Kilimbalimba Mbula a soutenu que le phénomène kidnapping organisé n’existe pas à Kinshasa.    

Dans une interview accordée à Radio Okapi, mercredi 31 janvier, le patron de la police à Kinshasa a affirmé que parmi les cas d’enlèvements rapportés à ses services, certains sont faux et mis en scène par des pseudos victimes, d’autres relèvent de la rumeur, quelques-uns seulement sont avérés.   

Radio Okapi : Le phénomène kidnaping revient encore dans la ville de Kinshasa. Avez-vous déjà pensé aux stratégies pour mettre fin à ce phénomène ?

Blaise Kilimbalimba : Le phénomène kidnapping, oui, par les rumeurs. Vous savez le plus souvent les rumeurs gagnent sur la réalité ; et ces rumeurs peuvent être considérées comme des faux bruits. Parfois, une réalité mais plus souvent des faits non vérifiables. Parce qu’aujourd’hui, nous avons des cas des personnes supposées kidnappées mais qu’en fait lorsque vous vérifiez, surtout s’il s’agit des jeunes filles, ce sont des personnes qui sont allées découcher pendant deux ou trois jours et elles se font payées de l’argent. Mais comme il y a les réseaux sociaux, et pour rentrer à la maison et éviter la punition des parents, elle sort une vidéo qu’elle a été kidnappée pendant trois, quatre jours. Ça c’est parmi les cas. Et là, je suis en train de vous parler des rumeurs. Ce n’est pas que le kidnapping n’existe pas. Le kidnapping même en son temps existait, mais c’étaient des cas isolés. Kidnapping au sens où c’était devenu avec le phénomène Kaba-Kaba, organisé de la manière ça n’existe plus ; ça n’existe plus. Il peut y avoir des cas isolés pour lesquels nous sommes en train de travailler avec les services et les cas dénichés sont transférés directement à qui de droit.

Radio Okapi : L’utilisation de la drogue ou du chanvre est devenue monnaie courante à Kinshasa. On voit dans certains quartiers les policiers fumer ces produits ensemble avec les jeunes de ces quartiers. Etes-vous au courant de cette situation ? Si oui, comment comptez-vous mettre fin à cette pratique ?

Blaise Kilimbalimba : L’utilisation de la drogue ou chanvre à fumer ce sont des produits toxiques déconseillés à toute la population ; non seulement aux policiers mais à toute la population entière. Je crois que même sur la cigarette le fabriquant te dit bien que « fumer à la santé ». Alors, nous, nous allons faire notre travail côté police. Nous allons multiplier les causeries morales pour montrer les effets négatifs de cette pratique d’utilisation des drogues et chanvre à fumer par rapport aux conséquences sanitaires parce que nuisible trop souvent à la santé. Par rapport aux méfaits, nous allons donc multiplier les causeries morales pour réduire la consommation de ces produits stupéfiants.

Radio Okapi : Parlons particulièrement du quartier Mikondo dans la commune de Kimbanseke ; la population a abandonné même les habitations à cause de l’ampleur qu’a pris le phénomène kuluna. Ils entrent dans des maisons, dans des Centres médicaux maltraitant aussi bien les malades que les personnels, alors que Kimbanseke avait été choisie comme commune pilote pour installer la police de proximité. Quel regard portez-vous à cette situation ?

Blaise Kilimbalimba : La sécurité est une notion complexe. Kimbanseke c’est l’une de 24 communes de la ville de Kinshasa. Lorsque cela est arrivé, c’est-à-dire que ces Kulunas se sont manifestés là-bas, en s’attaquant à tout le monde ; immédiatement il y a eu l’intervention de la police, notre groupe mobile d’intervention situé à Kinshasa Est notamment à Badara est allé intervenir farouchement.  Et parmi ceux qui sont déjà en prison, il y a ces briguants qui sont allés s’attaquer aux hôpitaux et aux paisibles citoyens. Et par peur, comme ils terrorisent, un mouvement, un déplacement qui n’a pas duré longtemps de la population s’est effectué. Mais lorsque la police a pris le contrôle, tout le monde est rentré chez lui. Celui qui n’y est pas encore, peut-être qu’il a pris un long voyage mais il va rentrer chez lui. Nous lui rassurons qu’il doit rentrer chez lui parce que partout où l’insécurité va se signaler, nous allons nous y rendre pour remettre la paix et la tranquillité.

Somme toute, le propos du Commissaire provincial de la Police nationale congolaise de Kinshasa, le Commissaire divisionnaire adjoint Blaise Kilimbalimba Mbula sur l’inéxistance du phénomène kidnapping organisé à Kinshasa ne convainc pas. Soutenir que les cas de kidnapping décriés çà et là relèvent tout simplement de la rumeur est dangereux et risque d’être perçu comme une fuite de responsabilité. Et ça risque d’être perçu comme une manière de mettre les kidnappeurs à l’abri des poursuites.

R-Ph. K