Le pire narcissisme, c’est se tromper à soi-même en croyant mener tout le monde en bateau. En louant l’idée de cette rencontre avec son homologue congolais pour soi-disant juguler la crise sécuritaire entre les deux pays, le président rwandais n’est pas sans ignorer que sa malice ou sa ruse a d’ores et déjà été mise à nue. Laquelle consiste en son soutien tous azimuts aux terroristes du M23, mais s’improvise curieusement pacificateur. Un revirement à plus de 160° qui doit logiquement rendre plus que dubitatif et méfiant Félix TSHISEKEDI quant aux vraies intentions (à peine voilées) du dictateur-sangunaire rwandais.

Prévue pour ce mardi 05 juillet 2022 à Luanda en Angola sous les auspices de João Lourenço, président de la République et président en exercice de la CIRGL, cette rencontre est d’un côté pour les crédules, une occasion à saisir pour régler pacifiquement la question de l’actuelle agression du pays dans sa partie Est avec le retrait des troupes rwandaises du M23 occupant la ville de Bunagana depuis le 13 juin dernier. Et pour les avisés de l’autre, c’est-à-dire, ceux qui connaissent et comprennent mieux la stratégie et la finalité visée mais inavouée de KAGAME via ses mentors dont les États-Unis d’Amérique, un passe-temps qu’il ne faut ni récuser ni fonder un quelconque espoir. Mais il faut simplement y répondre présent pour la consommation extérieure tout en maintenant la pression sur les terroristes à Bunagana. Car, à l’instar de son ministre des affaires étrangères, « Paul KAGAME, en parlant de la résolution pacifique de ce conflit à l’Est, il tient mordicus à faire plier Kinshasa, face aux revendications du M23 qui bradent la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo dans ses limites frontalieres et dans sa constitution ethnique »; estime un analyste.

Reçu avant-hier à la radio-télévision nationale rwandaise, Paul KAGAME a surpris tout le monde sur le ton et les mots employés en répondant à une question du journaliste liée à la crise sécuritaire rwando-congolaise. Il a été curieusement conciliant et moins bouillant comme d’habitude depuis la montée de tension entre son pays et la RDC.

« Plus que jamais, tous les deux avons besoin de la paix. Autant il nous faut la paix au Rwanda, autant il faut la paix en RDC. La RDC est confrontée à des problèmes auxquels elle doit faire face, tout comme le Rwanda a les siens en tant que pays souverain » ; avait-il déclaré. Et de renchérir : « Les problèmes dans cette région ne peuvent être résolus par la force des armes ; ils nécessitent des solutions politiques« .

Tête-à-tête sans issue

Selon les analystes avisés, il faut mettre la rencontre entre les deux personnalités dans la logique d’une consommation extérieure dans la mesure où les tenants et les aboutissants de l’actuel conflit sont vieux de plus d’une décennie auxquels Félix TSHISEKEDI seul ne pourra donner suite dans le sens de satisfaire soit la communauté internationale encore moins Kigali au risque d’être poursuivi pour « haute trahison ». Car, il n’est un secret de polichinelle que le Rwanda sous couvert du M23 vise entre autres l’intégration de tous les éléments armés de sa milice dans les FARDC (chacun avec son grade) et dans tous les services de l’État congolais sans autre forme de procès. Question de renforcer l’infiltration décriée et dénoncée (jusqu’au conseil de sécurité des Nations Unies par l’ambassadeur congolais), en vue de faciliter, le moment venu, la balkanisation de la RDC comme l’avait prédit il y a 62 ans passés, l’un des pères de l’indépendance, Patrice Emery LUMUMBA.

L’opposition des mouvements citoyens

Dans une communication faite dans la soirée d’hier à Kinshasa, une dizaine de mouvements citoyens se disent opposés à cette entreprise sous les auspices de João Lourenço à Luanda.

Tout en rappelant l’occupation d’une partie du territoire par les troupes rwandaises du M23, ils ont mis en garde Félix TSHISEKEDI quant à l’idée d’engager l’Etat congolais dans des accords supplémentaires mettant en péril les acquis républicains du pays de LUMUMBA.

« Au moment où les troupes rwandaises du M23 occupent toujours une partie du territoire congolais dont Bunagana, que des milliers d’enfants ne peuvent pas aller à l’école, que des femmes se font violer et des centaines de milliers de déplacés dont les bébés dorment sans toit, sans nourriture et dans des conditions sécuritaires catastrophiques, nous sommes sidérés de constater que le président de la République accepte d’aller à la rencontre de Luanda. Nous le mettons alors en garde de ne pas engager la République dans des accords supplémentaires qui mettraient en péril la souveraineté économique et territoriale de notre pays« ; peut-on lire dans leur communiqué.

Il faut dire que quand bien même en diplomatie, la construction des ponts est un principe, et la destruction des murs une exception, c’est-à-dire, il faut toujours favoriser le dialogue plutôt que de prendre ses distances, mais au regard de la crise cyclique, chronique ayant causé près de dix millions de morts à cause des incursions rwandaises sur le sol congolais, l’idée d’un dialogue trouve un échos moins favorable dans le chef des congolais que l’idée d’une guerre ouverte. Pour s’en convaincre, la toile a été enflammée hier soir par un tweet faisant état de la rencontre à Kigali au Rwanda, entre le conseiller spécial du président congolais, BISELELE, et Paul KAGAME en prélude dudit tête-â-tête de Luanda. Information qui a été vite démentie par la cellule de communication de la présidence congolaise voyant combien des critiques acerbes pleuvaient sur Félix TSHISEKEDI.

Dieu merci KANDA MPOYI

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