En dépit d’un cessez-le-feu apparent dans les zones des combats dont Bunagana, Félix TSHISEKEDI reste relativement intransigeant à l’idée de la composition et du déploiement d’une force régionale dans laquelle les troupes rwandaises feraient partie dans l’Est de son pays. Il l’a dit à ses homologues lors d’un huis clôt plutôt âpre où il a tenu des mots durs au goinfre de Kigali.

Après une réunion de finalisation ce dimanche consacrée aux préparatifs en vue de la composition et du déploiement d’une force régionale à l’Est de la République Démocratique du Congo, c’est ce lundi 20 juin 2022 que les officiers militaires des pays de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est réunis à Nairobi au Kenya ont présenté leurs conclusions aux chefs d’État qui ont eu une rencontre à huis clos afin d’échanger sur les possibles avancées liées aux consultations entre le gouvernement congolais et les différents groupes armés écumant l’Est.

Comme il fallait s’y attendre, Félix TSHISEKEDI, a en croire une source bien introduite, n’est pas allé par le dos de la cuillère pour traiter de « gangs » les responsables des pays soutenant en hommes et en armement les terroristes du M23. « Mon pays est, comme vous le savez tous ici, victime d’une guerre injuste et injustifiée menée par des gangs avides des richesses de son sous-sol« ; a-t-il déclaré d’un ton ferme devant le président de cette organisation régionale.

Il a évoqué « une accointance avec les forces négatives qui sèment terreur et désolation dans le Nord-Kivu et en Ituri actuellement« , pointant particulièrement le doigt au groupe terroriste du M23. En outre, comme annoncé peu avant de faire le déplacement de Nairobi, soit le 17 juin dernier à Kinshasa, Félix TSHISEKEDI a, toujours au cours de ce huis clos, apprend-t-on de notre source, non seulement exigé le retrait sans délai des éléments armés du Rwanda sur son sol, mais surtout la non-participation des forces rwandaises à la force régionale devant être déployée prochainement si la conclave se termine sur une bonne note.

Naturellement, Kigali n’entend pas admettre cela. Et réagira de la même manière, voire plus brutalement cette fois-ci qu’il n’avait réagi lorsqu’il avait été exclu de la mutualisation des forces armées ougandaises et congolaises pour la traque des éléments ADF et surtout de tous les intérêts économiques que cela implique. Le débat est donc loin d’être terminé, mieux le cessez-le-feu risque de ne pas marcher.

Pas de nouvel accord !

Contrairement à ce qui se raconte dans d’autres médias qui ne se sont contentés que des photos pour conclure qu’il s’est agi de la signature d’un nouvel accord entre Félix TSHISEKEDI et le glouton rwandais Paul KAGAME, la cellule de communication de la présidence de la République Démocratique du Congo a réagi avec beaucoup de promptitude pour démentir ce qui commençait déjà à gagner les têtes de plusieurs congolais en manque de la bonne information.

En effet, il ne s’est agi que de la signature, dans le livre d’or du State House, des présidents officiellement invités ou reçus par leur homologue Kenyatta.

« Des esprits malveillants font circuler la rumeur de la signature d’un accord, ce lundi 20 juin 2022, entre les présidents Félix TSHISEKEDI et Paul KAGAME à Nairobi au Kenya. Rien de tout cela, c’est plutôt la signature du livre d’or du State House comme il est de coutume pour tout visiteur à l’entrée du pavillon présidentiel à l’aéroport Jomo Kenyatta et du palais présidentiel. Une tradition à laquelle Félix TSHISEKEDI ne pouvait se déroger comme invité« ; lit-on dans une dépêche envoyée pour dissiper tout malentendu.

Et de renchérir : « En dehors du huis clos des chefs d’État, il n’y a pas eu un quelconque accord bilatéral et le sujet n’est pas à l’ordre du jour. Surtout pas maintenant que tous les accords signés avec le Rwanda ont été résiliés« , conclu-t-elle.

Comme cela a été dit dans nos précédentes livraisons relatives à cette crise chronique, cyclique, ni la force régionale, ni la mutualisation des forces, ni la présence inutile de la MONUSCO ne pourra apporter durablement la paix dans cette partie Est de la République si ce n’est d’abord la constitution d’une armée congolaise dissuasive et professionnelle. Et pour en arriver là, il faut commencer par une restructuration profonde et non complaisante de cette armée. Ensuite, mener une forte diplomatie et du lobbying pour obtenir du conseil de sécurité des Nations Unies qui se réunira ce 1 juillet 2022 pour statuer sur la levée ou non de l’embargo sur les armes de la RDC, la levée effective de cet embargo imposé injustement à un pays qui continue à subir des agressions répétées faute d’une armée équipée notamment. Et enfin, exiger comme préalable au déploiement de la fameuse force régionale, l’évacuation de toutes les forces non-loyalistes sur le sol congolais en attendant le départ concerté de la MONUSCO souvent accusée d’être pour beaucoup dans l’instabilité de cette partie Est du pays.

Ceci doit être dit clairement dans la mesure où l’enjeu majeur de ce troisième conclave reste la résolution pacifique et définitive de la crise entre la RDC et ses pays voisins, principalement le Rwanda, l’évaluation du processus politique de Nairobi sur la reddition des groupes armés opérant dans cette partie du pays ainsi que la composition et le déploiement de la force régionale.

Wait and see !

Dieu merci KANDA MPOYI