Depuis l’incursion avérée des militaires rwandais déguisés en terroristes du M23 à Bunagana la semaine passée, il s’observe l’expression spontanée d’un sentiment de xénophobie contre toute personne civile, politique ou militaire ayant une morphologie ou des origines rwandaises dans certains coins du pays. Une situation qui risque de mettre la RDC sur une pente très glissante en termes de respect des droits humains, de la dignité humaine, et ainsi voir son image ternie.
Dans un communiqué de presse datant du 19 juin 2022 signé par son porte-parole le Général Major KASONGO CIBANGU Léon Richard, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, FARDC, disent « avoir répertorié plusieurs mensonges déviants et d’innombrables messages de haine conçus et concoctés par des officines à Kigali puis distillés, disséminés et déversés dans les médias, ensuite véhiculés à travers les réseaux sociaux pour faire croire tant à l’opinion nationale qu’internationale qu’il se pratique une chasse à l’homme ou qu’il se développe un quelconque sentiment de xénophobie contre certains militaires et quelques congolais de l’une de nos communautés« ; lit-on dans le tout premier paragraphe du communiqué. Seulement, les communications ayant précédé ou ayant suivi ce communiqué des FARDC contredisent sur toute la ligne ce paragraphe qui accuse gratuitement Kigali d’être l’instigateur d’une certaine « mesquinerie diabolique« .
Le gouvernement de la République, à travers le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières, Daniel ASELO est sorti de son silence ce même dimanche 19 juin 2022 dans la chaîne nationale pour dénoncer des actes de délinquance aussi bien à Kinshasa que dans le Maniema, et pour mettre en garde quiconque tenterait de verser dans les actes de violence à l’instar de ceux qui ont été vus dans les vidéos qui circulent sur la toile. Ce, tout en appelant à la prise immédiate des mesures sécuritaires proportionnelles à la menace.
« Il faut prendre des mesures dans toutes nos provinces pour éviter ce que l’on a connu à Kalima au Maniema où des gens ont mis la main sur un congolais à morphologie nilotique. Au jour d’aujourd’hui à Kinshasa, un groupe de jeunes a été vu en train de circuler sur les artères, demandant qu’on leur montre où se trouvent les rwandais. Et là j’interpelle tous les responsables des services de renseignement, des entités politico-administratives pour arrêter ces inciviques là. Il n’est permis à aucun citoyen congolais, à aucun parti politique de se donner le pouvoir de faire ce que j’ai vu là. Je demande à la police nationale, voire à l’armée, que si des actes pareils sont en train de se passer à côté d’un camp militaire ou d’un poste de police, sur toute l’étendue de la République, d’arrêter ceux qui le commettent. Je demande à madame la ministre d’État de la Justice d’instruire les magistrats pour que quiconque sera arrêté dans cette besogne soit déféré devant son juge naturel pour être jugé en procédure de flagrance. Étant donné qu’il y a des congolais au Rwanda, au Burundi, en Ouganda et ailleurs, on ne peut accepter qu’un tel discours soit développé« ; déclarait-il au journal de 20h.
Le prix Nobel congolais, le Docteur Dénis MUKWEGE, n’en est pas du reste. Il appelle à la cessation sans délai de ce comportement qui frise la « complicité » avec l’ennemi à la base de la crise qui frappe actuellement son pays.
« Ce qui arrive au pays actuellement exige de nous tous le respect de la vie humaine. Je défends à quiconque le recours aux machettes comme j’en ai personnellement vu sur des vidéos. Je dis à mes compatriotes qui s’évertuent à se tenir le long de la chaussée pour contrôler les personnes à bord, regarder leur morphologies faciale qu’ils sont trompés par les premiers ennemis ou les complices de nos ennemis. Je vous conjure d’arrêter instamment avec les discours faisant l’apologie de la violence qui ne pourront engendrer que la violence. En ce moment où nous sommes agressés par le Rwanda, la meilleure manière que les jeunes peuvent exprimer leur colère est par exemple de marcher pacifiquement sans injures, sans torture, sans prendre des machettes, tout en demandant que la terre de nos aïeux soit respectée par tout le monde. Agir contrairement, c’est prêter le flanc à l’ennemi qui nous estime toujours intelligents.Laissez ça je vous en supplie« ; s’écrie-t-il.
Dans la foulée, le Secrétaire Général du parti présidentiel (UDPS) Augustin KABUYA, dont les jeunes vus sur les vidéos à Kinshasa arrêtant des véhicules et disant être à la recherche des rwandais appartiennent à l’une des structures de son parti (Force du Progrès pour ne pas la citer), avait bien fait de balancer aussi un communiqué, toujours à la même date, dans lequel il dit que son parti se désolidarise de tous ceux qui s’évertueront à commettre de tels actes criminels.
Dans un tweet ce même week-end, Julien Paluku n’a pas hésité de prévenir que « pareils comportements feraient perdre à la lutte que mène le Congo face à ses agresseurs toute sa noblesse« .
Au regard de ce précède, il y a lieu d’inviter les FARDC à travers son porte-parole d’éviter à la prochaine de lancer des communiqués à la senteur politicienne qui consistant à tirer mordicus le drap de son côté en cherchant à salir le camp adverse ou ennemi. Ce qui n’est pas très aisé avec les possibilités de transmission de l’information à temps réel d’un coin à l’autre de la planète.
Dieu merci KANDA MPOYI