La RDC traverse un contexte particulier de son histoire marquée par une agression de son territoire par un de ses neuf voisins, le Rwanda. Le pays de Lumumba voit, (impuissant) certains territoires être occupés par un mouvement terroriste dit M23 soutenu et entretenu par l’agresseur précité.

Dans cette configuration, on peut distinguer les « modérés » qui veulent une issue douce de la crise par des mécanismes appropriés comme par le dialogue ou la négociation et les « durs » qui estiment que le temps est venu pour employer le moyen le plus dur, c’est-à-dire la guerre. Le seul qui, selon eux, peut avoir raison sur Kagame, l’instigateur du M23.

Mais dans le fond, la RDC est-elle disposée ou disponible pour amorcer cette guerre ? La question est-elle même pertinente dans un pays déjà en guerre avec des territoires occupés par un mouvement que le gouvernement qualifie de terroriste ?

La réponse est ambivalente entre, d’un côté la déclaration officielle de guerre qui doit se faire selon les procédés constitutionnelles. Ceci implique des mesures à prendre et des dispositions plus rigoureuses à fixer, et de l’autre, une guerre de fait. Comme celle déjà en cours dans la partie orientale du pays.

L’occupation de Bunagana et d’autres villages du Nord-Kivu prouve que la RDC est en guerre. La question ne devrait plus se poser.

Mais hélas ! Au delà, si ce pays est en guerre, le peuple congolais est-il prêt à s’engager sur ce front ? La réponse n’est pas aisée.

En Afrique comme ailleurs, l’humanité est pleine d’histoires de guerre. La plus en vogue, pour l’instant, est l’agression ukrainienne par la Russie. Le peuple ukrainien, victime, fait figure d’une détermination inouïe à combattre l’ennemi. Collaboration avec les services de sécurité, avec les militaires en leur fournissant non seulement des informations mais tout ce dont ils ont besoin. Les jeunes se font enrôler dans l’armée, certains citoyens retournent au pays pour participer aux efforts nationaux en vue de bouter dehors l’ennemi. La mobilisation est évidemment générale en interne et même dans sa diaspora.

En RDC, la situation est toute autre. Dans la classe politique, les violons ne s’accordent point. Les leaders parlent à peine – peut-être hypocritement – la même langue. Dans l’espace social la confusion est totalement perceptible. La gravité de la situation, nonobstant le bilan des pertes en vies humaines toujours croissant, semble n’interpeller qu’en raison des appartenances politique, ethnique ou tribale. L’impression qui se dégage c’est que la conscience nationale a cédé place au fanatisme. Conséquence : le cœur du Congo bat à double vitesse. D’un côté ceux souffrent des affres de la guerre, et de l’autre ceux qui observent, impuissants. Dans la capitale, la guerre de l’Est, a pris congé des cerveaux sauf sur certains points. Il suffit de circuler à travers les grandes artères et les buvettes pour s’en rendre compte. L’ambiance, la consommation excessive et extravagante de l’alcool, la distraction, des discussions stériles dans les débits de boissons sont le lot quotidien des congolais de la capitale. Le souvenir de l’Est fait des pérégrinations dans la pensée de plusieurs. Une présentation qui fait penser, honnêtement, que le congolais n’est ni prêt ni préparé à la guerre.

Le modèle ukrainien en la matière devrait inspirer les congolais va-t-en-guerre. On ne peut pas faire la guerre, que certains souhaitent de tous leurs vœux, sans revoir son code de conduite, son être profond. Car, la guerre exige une forte mobilisation de l’énergie interne, une cohésion nationale sans complaisance et un éveil patriotique sans faille. Le congolais mérite un formatage.

Philippe KAZADI OMOMBO.