Si elle est muette, elle n’est pas sourde pour autant. Si elle ne parle quasiment pas, elle entend parfaitement. Si elle est apolitique, elle sait se rappeler au bon souvenir des politiques. De fait, quoiqu’abonnés au traditionnel « motus et bouche cousue« , les hommes en uniforme n’ont ni les oreilles bouchées ni les yeux bandés. Ils entendent ce qui se chuchote et se dit. Et regardent et voient ce que tout le monde voit.

Ces derniers temps, les longues oreilles de la grande muette ont capté quantité de messages, de discours qui nécessitaient sans doute que le Commandant suprême y aille de son contre exégèse. Le repas de corps que le Président de la République a partagé hier avec un échantillon représentatif des FARDC est donc tout, sauf un simple déjeuner ou dîner – c’est selon- de gala.

Pas besoin d’un dessin pour comprendre que le chef de l’Etat entend s’assurer que la grande muette demeure…muette en dépit des bruits qui fusent de partout.

L’approche de l’échéance électorale, les bruits de plus en plus persistants d’autres scénarios en cas de non tenue des élections dans le délai, l’hypothèque rwandaise dans l’Est …constituent un terreau fertile sur lequel poussent toutes sortes de discours qui arrivent jusqu’aux oreilles de la grande muette.

Certes, le Commandant suprême des FARDC est dans son rôle constitutionnel de galvaniser ses troupes. Personne de sensé ne reprocherait au chef de l’Etat de soigner aux petits oignons ceux qui ont fait don de leur personne à la République.

Mais, aussi bien pour l’Armée que pour les autres corps des agents émargeant au budget de l’Etat – magistrats, médecins, enseignants…-il faudrait aller au-delà d’une simple cure conjoncturelle. Une véritable approche holistique par rapport au mal de vivre et au mal être de l’agent de l’Etat s’impose pour redresser la colonne vertébrale de l’édifice institutionnel du pays dont l’Armée est un maillon essentiel.

José NAWEJ