Si la pénurie de carburant est considérée comme un phénomène dû à certains facteurs exogènes sous d’autres cieux, en RDC, particulièrement à Kinshasa, elle semble avoir une autre connotation. En plus des problèmes cruciaux que les kinois tentent souvent désespérément de résoudre au quotidien, particulièrement l’alimentation et la sécurité, Kinshasa n’est plus circulable depuis 48 heures, ce qui pourrit la vie de tous sans distinction de classe sociale.

En effet, depuis ce lundi 4 avril 2022 particulièrement à Kinshasa, la circulation routière est devenue un casse-tête tant pour les passagers que pour les automobilistes. Les conducteurs des véhicules à exploitation commerciale sont les plus malheureux, et par ricochet, les passagers qui doivent désormais payer le double, voire le triple de la course. Pour cause, plusieurs stations services à travers la ville qui restent fermées, très peu seulement sont ouvertes offrant un service minimum (10 litres aux véhicules et 5 litres aux motards) pouvant tant soit peu satisfaire le plus grand nombre.

Promptitude ou tape-à-l’oeil du ministre de tutelle ?

C’est hier en milieu d’avant-midi que le ministre des hydrocarbures, Didier BUNDIMBU a réuni, toutes affaires cessantes, les principaux opérateurs pétroliers intervenants dans ce secteur pour tenter de juguler cette crise. Réunion à l’issue de laquelle les pétroliers et le ministre BUNDIMBU ont curieusement écarté la thèse de « pénurie ».

« Il n’y a ni pénurie ni intention d’augmentation des prix; plutôt un retard de ravitaillement par les sociétés de distribution« ; confiait le ministre au sortir de la réunion.

Propos soutenus par le Directeur Général de SEP CONGO, Joseph KOUAME KOUAME :  » Il n’y a pas de pénurie, en tous cas pas aujourd’hui. Nous avons suffisamment des produits. Il n’y a pas d’inquiétudes« . Et d’ajouter :  » La panique s’est créée par la circulation de l’information faisant état d’un manque de visibilité à un certain moment, et les clients se sont précipités faisant des stocks qui ont fini par tarir les stocks« .

Quant à Charles NIKOBASALE, DG d’Engen DRC et président du Groupe Professionnel des Distributeurs des Produits Pétroliers (GPDPP) qui a plutôt essayé d’être plus explicite mais peu convaincant du fait de n’avoir nullement exclu la thèse de la pénurie, sans toutefois aussi l’admettre clairement.

« Nous avons tout fait Nous sommes en train de recevoir les produits à partir de Moanda pour éviter tout problème. Cependant, nous avons exprimé des réalités irréfutables actuelles notamment : les prix à l’importation ayant doublé, et qui doivent être réajustés dans la structure des prix; il faut aussi commencer à payer de manière régulière le manque à gagner subi par les sociétés pétrolières en 2021. » Et de prévenir :  » Le premier trimestre 2022 va être très dur à cause de la crise ukrainieno-russe étant donné l’augmentation des prix à l’importation« .

La pénurie est bel et bien là !
Il n’est étranger pour personne que là où le peuple voit rouge, le dirigeant voit plutôt rose; l’inadmissible pour le gouverné, est admissible pour le gouvernant. C’est la parfaite image de BUNDIMBU et les kinois dans la situation actuelle. Le ministre dit qu’il n’y a pas « pénurie » au moment où des files des véhicules et motos se forment dans le peu de stations-service ayant encore des réserves.

En effet, « pénurie » est un mot féminin issu du latin »pénurie » qui signifie »manque de ce qui est nécessaire ; insuffisance comme pénurie de vivres, de moyens financiers, de carburant (pour le cas d’espèce). Le contraire c’est l’abondance, le pléthore, la profusion et la surabondance.

Eu égard à ce qui précède, comment le ministre et ses amis pétroliers minimisent la situation en réfutant la thèse de »pénurie »? Une attitude irresponsable qui cache mal l’incompétence ou tout simplement l’incapacité du ministre à prévenir pareille situation pourtant prévisible comme l’a fait savoir plus haut le DG d’Engen qui semble être plus éclairé que BUNDIMBU.

Le communiqué de la Direction Générale d’Engen DRC parvenu à Kiosque d’Afrique ce matin est sans doute un palliatif non négligeable face à cette « pénurie ».
« La Direction Générale d’Engen DRC informe à son aimable clientèle que, pour faire face à la diminution de stocks, un navire de 25.000 tonnes Essence (environ 30 millions de litres) a été réceptionné depuis ce dimanche 3 avril 2022 à Moanda »; lit-on ce matin dans ce communiqué. La direction générale « invite ainsi sa clientèle à ne pas céder à la panique en se ruant vers les stations-service pour se constituer des réserves ». Que des dispositions sont prises afin de répondre aux besoins actuels et futurs de tous »; rassure-t-elle.

Un automobiliste s’approvisionne où se ravitaille à la station-service, et non dans la zone de réception et de stockage des produits. Cela étant, dès qu’il a du mal à se ravitailler où il l’a toujours fait faute de stock suffisant, c’est ni plus ni moins que de la pénurie.

Promesse non tenue de SAMA LUKONDE

Peu après le début des hostilités, mieux les premiers jours de la crise ukraino-russe, sur instruction de Félix TSHISEKEDI, le premier ministre congolais SAMA LUKONDE avait promis que « son gouvernement prenait les dispositions utiles pour éviter mordicus que la RDC soit frappée de plein fouet par les conséquences induites de ladite crise […] »; déclarait-il.

Message non capté par son ministre des hydrocarbures qui n’a manifestement pas eu la lucidité de prendre en amont des mesures préventives de pénurie en créant un cadre de concertation permanente avec les opérateurs pétroliers et toutes les autres structures commerciales intervenant directement ou indirectement dans ce secteur afin de tout prévenir.
BUNDIMBU, parce que c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas été préventif face à l’existence des dépôts de carburant scabreux et subreptices jusqu’à ce que l’irréparable se soit commis récemment à Debonhome; il attend qu’un autre drame se produise à cause de la prolifération vertigineuse des stations-service à proximité des habitations partout à travers la ville de Kinshasa.

Devant toutes ces réalités, le ministre des hydrocarbures, Didier BUNDIMBU, ne mérite-t-il pas une bonne motion de défiance pour qu’il vienne finalement exposer sa politique dans ce secteur ?

Wait and see !

Dieu merci KANDA MPOYI