Au lendemain de la création de l’Union Sacrée par Félix Tshisekedi, en dépit des récriminations des uns et des ovations des autres, nombre des observateurs de la vie politique congolaise commençaient à croire en une maturité, une culture politique dans le chef du politique congolais faisant preuve d’une prise de conscience patriotique de renonciation définitive à la culture de nivellement politique.

KATUMBI et SESSANGA: UN CAS D’ÉCOLE?

Dès lors, au regard des positions tranchées dans les déclarations de la plupart des politiques aussi bien de l’opposition que de l’Union Sacrée depuis la désignation, l’entérinement et l’investiture suivie de la prestation de serment des nouveaux animateurs de la CENI, les masques commencent à tomber.

On se rend vite compte que la plupart avaient souscrit à l’US par résignation, opportunisme, arrivisme, conformisme que par conviction ou idéal. Donc, loin d’une conscience patriotique, ce fut une ruée à la mangeoire.

Et dès qu’on y est pas bien servis, c’est précisément le cas de Delly Sessanga (Député national-membre de l’Union Sacrée et Président de Envol) qui vient de quitter la plate-forme de Félix Tshisekedi sans doute pour avoir longtemps attendu un poste ministériel sans succès. A la fois une pire et pure transhumance comme dirait le professeur Jacques Ndjoli du Mouvement de Libération du Congo, MLC. Malheureusement pour lui, les haut-cadres de son parti, députés nationaux et vice-ministre de la défense disent « respecter sa décision d’abdiquer l’US, mais c’est sans eux »; confiait son SGA sur les antennes d’une radio de la place.

Pareil pour Moïse KATUMBI, Président de « Ensemble pour la République » qui a toujours menacé de renoncer à l’US lorsque ses intérêts semblent être dérangés. Félix Tshisekedi avait concédé lors du projet de loi sur la « congolité », (qui était la ligne rouge à ne pas franchir), mais ne pouvait pas indéfiniment concéder. D’où, le fait de n’avoir pas été servi à son gré pour la CENI, le kashobwéen a repris de plus bel avec ses menaces. Mais tout tournerait contre lui s’il venait à s’exécuter, parce que ce sera sans la plupart de ses Ministres et Députés nationaux qui font de plus en plus allégeance à Félix Tshisekedi pour des raisons évidentes.

Tandem Fayulu-Muzito coalisant avec Kabila: alliance contre nature?

« Ce débat autour de la légalité de la mise en place de la nouvelle équipe de la CENI cache plutôt mal la peur des élections dans le camp LAMUKA et FCC, écartelés entre la boulimie du pouvoir et la perpétuation des tensions qui leur permettent de continuer à se faire une santé politique en cherchant vainement la sympathie du peuple par l’entretien d’une confusion délibérée sur une prétendue violation de textes ayant conduit à l’installation du nouveau bureau de la CENI »; constate le député national MBATA.

La tension est créée par ceux qui jouent aux « mal aimés ou mal compris, victimes ou  déjà exclus » du processus débutant, pourtant ouvert à tous; par ceux qui crient à tue-tête à l’exclusion, à la tricherie ou à la fraude programmée, afin de préparer l’opinion nationale et internationale à comprendre leur échec certain aux élections à venir.

« Les différentes marches annoncées par le bloc dit patriotique est un combat d’arrière-garde pour distraire aussi bien le peuple affamé à réclamer son bien-être tous azimuts d’un côté, et l’establishment à se concentrer à apporter des solutions aux problèmes qui étreignent ce peuple »; estime un observateur.

Coalition inattendue: Du déjà vu!

L’histoire politique récente de la RDC renseigne que la première tranche de la transition (avril 1990-mai 1997) avait institué une sorte de « bipartisme » se définissant par rapport à MOBUTU (pouvoir) et TSHISEKEDI (opposition) alors qu’au plan purement idéologique, tous les deux se rattachaient au MPR-Parti Etat.

Il se trouvera finalement autour de MOBUTU comme de TSHISEKEDI des acteurs politiques n’ayant aucune attache idéologique réelle avec l’un ou l’autre. L’animation de la vie politique était réduite à une gymnastique faisant que celui qui ne se sentait pas en phase avec MOBUTU, devait forcément fréquenter TSHISEKEDI et celui qui n’avait aucune estime TSHISEKEDI devait fatalement se ranger du côté de MOBUTU, au risque de disparaître.

Dans leur communiqué conjoint, LAMUKA et FCC se disent « déterminés à combattre la dictature naissante et dangereuse de F. TSHISEKEDI, ainsi que son dessein de tripatouiller les résultats des prochaines élections ».

Requalification de l’échiquier politique

Si les alliances contre nature ou les coalitions inattendues profilant déjà à l’horizon 2023 permettent l’émergence de deux grandes familles politiques s’apparentant aux démocrates et aux républicains comme aux États-Unis (Félix Tshisekedi et Joseph Kabila), ce sera l’idéal pour l’entrée de la RDC dans le monde réellement démocratique. Si, par contre, elles suscitent l’émergence de la « géopolitique à la zaïroise » avec les blocs Ouest, Est, Centre, ce sera la calamité surtout pour un pays dont le fédéralisme ne s’est toujours pas enraciné, mais en proie aux velléités ethno-tribales qui se sont accentuées depuis l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir.

L’irréversibilité du processus électoral = l’inopportunité d’un dialogue

Le processus électoral est irréversible en RDC. Cette phrase est devenue célèbre depuis la mise en place du nouveau bureau de la CENI. La plupart des politiciens n’y croyaient pas au point de crier à « un besoin de glissement » sur tous les toits. Jusqu’à aujourd’hui, certains politiciens montent des coups fourrés pour empêcher la marche vers les élections aussi bien au pays qu’à l’étranger ou dans les ambassades.

Que ceux qui ne comptent pas du processus électoral entamé cesse de crier inutilement à la fraude, à la tricherie, alors que l’heure de vérité n’est pas encore arrivée. Si certains comme Fayulu et le FCC voient déjà des vainqueurs fraudeurs ou tricheurs, ils ont deux options: soit se ranger derrière ceux qui veulent avancer dans le processus tel que déjà amorcé, tout en commençant d’ores et déjà à former leurs observateurs électoraux, soit carrément à lancer le célèbre mot d’ordre de l’UDPS autrefois encore dans l’opposition qu’était le « boycott » du processus électoral de 2006.

Wait and see!

Dieu merci KANDA MPOYI