Loin de susciter un intérêt particulier pour la République Démocratique du Congo et le Rwanda, la visite du Secrétaire d’État américain en Afrique du Sud avait, pour les deux pays précités (en crise), le goût d’un levée de rideau avant le début du concert proprement dit. Malheureusement, selon plus d’un observateur, rien de ce que ce visiteur américain a déclaré n’a encore été jamais dit par des personnalités politiques africaines engagées dans la recherche d’une solution pacifique de la crise sécuritaire entre ces deux proches voisins. Sa visite dans les deux pays protagonistes n’a de mérite que d’avoir mis à nu le double jeu des USA dans la sous-région.
Pour rappel, lors de son passage à Kinshasa, Anthony BLINKEN, plutôt que de se montrer intraitable face à l’agression rwandaise surtout que le rapport des experts de leur propre organisation que sont les Nations Unies lui sert déjà de soubassement afin de condamner ces actes, voire d’exiger des sanctions exemplaires ciblées comme son pays ne cesse de le faire contre la Russie pour avoir occupé militairement (à l’instar du Rwanda) une partie du territoire ukrainien, le patron de la diplomatie américaine se contenter d’exprimer des regrets « les États-Unis sont préoccupés […] ». Du déjà entendu des politiciens africains de tous bords.
Pire, il ajoute ceci sans citer nommément le pays agresseur de l’intégrité territoriale : « Tous les pays doivent respecter l’intégrité territoriale des autres« . Ce, pour afficher une posture mondiale d’un pays (États-Unis) préoccupé également par l’invasion russe en Ukraine. Oubliant ainsi une date restée mémorable que maudissent les irakiens parce que marquant l’invasion américaine : 20 mars 2003 après avoir donné un ultimatum de 48h aux pseudos inspecteurs des Nations Unies (leur machin).
Et comme si cela ne suffisait pas, BLINKEN poursuit son propos en ces termes pleins d’ironie et de mépris : « Nous voulons que la violence à l’Est cesse, que les groupes armés déposent les armes« . En disant que son pays apporte son soutien aux efforts de médiation menés par l’Afrique dont les accords de Nairobi, BLINKEN n’entend pas voir le M23 déposer les armes sans que Kinshasa ne puisse lui accorder finalement une place sur la table des négociations. Ce qui constituera une insulte aux morts causés par cette énième agression.
Au Rwanda
Bien avant son arrivée à Kigali, une source proche de l’ambassadeur rwandais Vincent KAREGA à Kinshasa avait confié notamment que » En dépit des preuves accablantes et irréfutables contenues dans ce rapport de 131 pages des experts des Nations Unies sur le soutien tous azimuts du Rwanda au M23, KAGAME reste le protégé des américains pour des raisons géopolitiques et stratégiques majeures dans la sous-région qu’il n’est pas encore temps de le clouer au pilori« .
Ce jeudi 11 août 2022, l’issue de la conférence de presse co-animée par le ministre des affaires étrangères rwandais et le secrétaire d’État américain vient sans doute de le confirmer.
Comme toujours, le Rwanda, par le truchement de Vincent BITUGA a rejeté, mieux a nié la responsabilité de son pays dans l’instabilité chronique de la RDC, précisément dans sa partie Est. Selon lui, elle est plutôt dûe au soutien qu’apporte le gouvernement congolais aux rebelles des FDLR qui viennent pour causer la désolation sur le territoire rwandais.
« Outre la réaffirmation de notre soutien aux efforts régionaux, y compris les initiatives de Nairobi et de Luanda, nous déplorons la présence des FDLR et leur étroite collaboration avec l’armée congolaise. Présence à la base de l’insécurité qui permet aux FDLR de mener des incursions sur le territoire rwandais. Ce qui est inacceptable« ; martèle-t-il devant BLINKEN qui n’a pas eu le courage de lui rappeler les fondamentaux contenus dans ledit rapport se trouvant dans son sac à main.
Le Rwanda et les États-Unis ont, à l’issue de cette conférence de presse, réaffirmé leur volonté de renforcer le partenariat dans divers secteurs dont la défense et la sécurité (allez-y comprendre), le commerce et les investissements ainsi que le maintien de la paix et la santé.
BLINKEN roule vraisemblablement pour Kigali
En conviant les deux parties (le Rwanda et la RDC) à « renoncer » à tout soutien aux groupes armés, c’est-à-dire, le Rwanda au M23 et la RDC aux FDLR, le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken a clairement joué le jeu de Kigali qui a toujours brandi le ridicule prétexte à ses incessantes agressions comme quoi Kinshasa soutient les FDLR qui nuisent à la sécurité sur son territoire.
Et par ricochet, BLINKEN renvoie à la face du monde l’image d’un travail bâclé de leurs experts des Nations Unies qui, ni dans l’actuel rapport encore moins dans les précédents, n’ont jamais pointé du doigt la RDC d’un quelconque soutien à ces rebelles qui, en réalité, n’existent plus depuis l’autorisation par le gouvernement congolais en 2009, de l’entrée des troupes rwandaises sur le sol congolais (dans les forêts de l’Est précisément, pour la traque et l’extermination desdits rebelles). Et ce n’est pas un diplomate de la trempe de BLINKEN qui ignore cette donne sécuritaire.
Une fois de plus, les propos de notre source auprès de l’ambassadeur Vincent KAREGA se confirment avec ce traitement de faveur réservé à KAGAME malgré les preuves contenues dans le dernier rapport le citant seul pour son soutien au M23 sans la RDC pour un prétendu soutien à un imaginaire groupe rebelle des FDLR. Triste !Le secrétaire d’Etat américain renvoie ainsi dos-à-dos Kinshasa et Kigali.
« Il existe des rapports crédibles sur un soutien aux groupes armés par toutes les parties, y compris les FDLR par les forces congolaises et le M23 par les forces rwandaises », a déclaré Antony BLINKEN au Rwanda. Ironie d’histoire !
Les actes valent mieux que les mots
A la place de donner aux congolais ce qu’ils attendaient à savoir : obtenir du Conseil de Sécurité des Nations Unies, voir de son pays la condamnation du Rwanda et les sanctions ciblées contre certaines autorités à commencer par Paul KAGAME qui a agit en RDC exactement comme VLADIMIR Poutine en Ukraine, BLINKEN s’érige en défenseur des politiciens outrageurs et en activiste électoral Dieu seul sait si c’est pour l’insignifiante somme de 23 millions de dollars américains promis en appui de son pays à l’organisation des élections nécessitant plusieurs centaines de millions de dollars.
Nombre des congolais se demandent alors, après cette visite qui s’apparente à un tourisme du secrétaire d’État américain, qu’attend Félix TSHISEKEDI pour accélérer, même en sourdine, les liens d’amitié russo-congolais particulièrement en termes de soutien ou d’appui à la défense et à la sécurité afin de se procurer un armement proportionnel à la menace de tous ses voisins dont le petit Rwanda en premier ?
Wait and see !
Dieu merci KANDA MPOYI.