Le retour controversé de l’ancien Président au pays par la ville de Goma déclenche une réaction violente de Kinshasa, accusant Kabila de complicité avec le M23 et le Rwanda. Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a franchi un pas décisif dans sa confrontation avec l’ancien président Joseph Kabila. Un climat qui a provoqué une escalade politique sans précédent aux allures de règlement de comptes.
En effet, en l’espace de 24 heures, deux communiqués officiels ont secoué la scène politique congolaise :
1. La suspension du PPRD, le parti de Kabila, par le ministère de l’Intérieur.
2. Des poursuites judiciaires pour « haute trahison » et « complicité avec l’agression rwandaise », ordonnées par le ministère de la Justice contre Joseph Kabila.
Ces mesures radicales font suite au retour controversé de Kabila à Goma, une ville sous contrôle du M23, un groupe rebelle soutenu par Kigali selon plusieurs rapports des experts de l’ONU.
Les accusations : Silence coupable, sécurité assurée par « l’ennemi »
Dans son communiqué (N°25/CAB/VP/M/MININTERSEDECAC/SL.BJ/2025), le ministère de l’Intérieur accuse Kabila :
– D’avoir refusé de condamner l’occupation rwandaise et les exactions du M23.
– D’être rentré au pays via Goma, une zone sous influence du M23, où sa sécurité aurait été « curieusement assurée » par des acteurs non étatiques.
Le texte invoque des violations de la loi sur les partis politiques, notamment l’article 6 qui exige leur loyauté envers l’État.
Peu après, le ministère de la Justice (Communiqué N°098) a ordonné :
– Des poursuites judiciaires contre Kabila pour « participation directe à l’agression rwandaise ».
– La saisie de ses biens mobiliers et immobiliers.
– Des restrictions de mouvement pour ses collaborateurs.
Contexte : Goma, épicentre d’une guerre proxy
La ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, est un symbole de la crise sécuritaire en RDC :
– Le M23, soutenu par le Rwanda, y mène des offensives depuis 2022.
– Le gouvernement de Félix Tshisekedi accuse Kigali de déstabilisation, une thèse appuyée par des rapports de l’ONU.
Le choix de Kabila de passer par Goma – plutôt que par Kinshasa – est perçu comme une provocation politique. Certains y voient une manœuvre pour :
– Raffermir son influence dans l’Est, où il conserve des réseaux militaires et politiques.
– Négocier en coulisses avec le M23 ou le Rwanda, hypothèse que Kinshasa qualifie de « trahison ».
Réactions et implications
1. Un pas vers l’interdiction du PPRD ?
La suspension du parti pourrait précéder sa dissolution, affaiblissant durablement l’opposition kabiliste.
2. Un procès historique en perspective
Si les poursuites aboutissent, Kabila serait le premier ex-président congolais jugé pour trahison. Risque : une polarisation accrue.
3. L’Est plus instable que jamais
Cette crise survient alors que les combats entre FARDC et M23 reprennent. Les alliés de Kabila dans l’armée pourraient réagir.
La RDC au bord de la rupture politique ?
En ciblant directement Kabila, Tshisekedi envoie un message clair : tolérance zéro pour toute collaboration présumée avec l’ennemi. Mais cette offensive judiciaire pourrait enflammer les tensions dans un pays déjà divisé.
Le plus dur serait la radicalisation des uns et des autres ce qui pourrait compromettre dangereusement toute perspective de solution pacifique à la crise actuelle.
Chappy Kunga