Le Chef de l’Etat doit-il tout dire ? Pourquoi aborder certains sujets et pas d’autres ? Le choix n’est pas innocent. Le Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, s’est adressé à la Nation à travers les deux chambres réunies en Congrès, le 13 décembre dernier. Comme l’exige cet exercice, le Chef de l’Etat fait l’état de lieu de la situation générale du pays en fournissant des réponses aux préoccupations de la population. Mais Fatshi n’a pas tout dit.

En effet, dans son speech, Fatshi a brossé divers thèmes, notamment, la sécurité, particulièrement en rapport avec l’état de siège décrété depuis le mois de mai de l’année en cours, la diplomatie et la présidence congolaise de l’Union Africaine, la transition écologique, etc.

Curieusement, certaines questions sensibles n’avaient été abordées par Félix Tshisekedi. Les questions ayant pourtant défrayé la chronique.

Il s’agit entre autres du dossier RAM, Registre des Appareils Mobiles. Une taxe dont les deux chambres du parlement s’inquiètent de ne pas retrouver les traces dans la Loi des finances, exercice 2022. En abstenant d’aborder la question, le Chef de l’Etat fait accroitre les soupçons. Depuis la montée en surface de ce dossier, Félix Tshisekedi est resté taiseux et une certaine opinion n’hésite pas de lui pointer du doigt accusateur comme étant le commanditaire de cette escroquerie d’Etat. Il est donc inadmissible que dans son discours sur l’état de la nation, que l’homme de « le peuple d’abord » puisse passer outre. Un silence jugé de complicité.

Un autre sujet passé sous silence, c’est « l’organisation prochaine des jeux de la francophonie » à Kinshasa. Un rendez-vous culturel très important comme celui-là n’aurait pas été oublié dans le discours du Chef de l’Etat qui se bat pour le rayonnement de son pays. Faut-il voir à travers cet oubli, le signe de l’essoufflement de la RDC à tenir cet événement ? La RDC est-elle sur la voie de la renonciation ?

L’omission du bilan du « Projet 100 jours » est aussi inquiétante. Dans le cadre de 100 premiers jours de son accession à la magistrature, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, avait amorcé plusieurs projets dont la réalisation aurait un autre visage à son mandat. Plusieurs responsables des projets sectoriels sont passés sur le banc des accusés. La plupart des condamnés ont recouvré leurs libertés et sont en voie. Le peuple que l’on dit servir est en droit d’être fixé sur les tenants et aboutissants. Pourquoi encore ici, le Président de la république a préféré garder sa langue en poche ?

Somme toute, le choix des sujets à aborder dans un discours politiques n’est pas innocent. Il motivé par les exigences du jeu en cours en des enjeux à protéger. Le risque c’est de tomber de travers des attentes de l’opinion sur certains sujets qu’elle juge cruciaux. Et l’image politique peut s’avérer écornée considérablement si l’acteur ne s’y prête pas.

Ph.K