Autant le souligner tout de go. Le discours d’hier du Président sénégalais dans lequel il annonce ne pas briguer de troisième mandat peut avoir été dicté par le rapport de forces. Tant une lame de fond populaire anti troisième mandat a traversé le Sénégal sous la férule de l’opposant Ousmane Sonko.
Il n’en demeure pas moins qu’à la faveur de cette adresse, la perception de l’opinion sur le chef de l’Etat sénégalais devrait changer du tout au tout.
Vu d’Afrique, difficile de cantonner le « Je vous ai compris« , façon de Gaulle de Macky Sall au seul contexte sénégalais. Mutatis mutandis, le discours du Président Sall résonne comme en écho à travers tout le continent. Ou presque.
Lorsque le chef de l’Etat sénégalais lâche: « Je voudrais dire que j’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit, écrit et répété ici et ailleurs, c’est-à-dire que le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat« . Ce passage charrie le respect à la fois des textes et de la parole donnée. Ce code d’honneur et ce sens de la responsabilité historique que nombre de chefs d’Etat malmènent sans état d’âme sur le Continent. On prend des engagements sur l’honneur le matin et on les renie le soir !
Plus trivialement, on ne fait pas ce qu’on a dit. On fait ce qu’on n’a pas dit.
Macky Sall ne s’arrête pas là. Il renchérit : « le Sénégal dépasse ma personne« . Cette phrase sonne comme une exhortation à nombre de ses homologues africains dont la propension à se prendre à la fois pour le pays et l’Etat est sans borne. Bref, pour les incarnations du « Roi soleil ».
Conséquence, les intérêts particuliers voire bassement nombrilistes l’emportent sur le nécessaire intérêt général au sens rousseauiste du concept. L’Etat s’en trouve privatisé pour finir par être phagocyté ou émasculé. Se remettant dans le droit fil de ses prédécesseurs auxquels il a rendu hommage, Macky Sall a sans doute évité au Sénégal de succomber au virus ambiant de « république bananière« . Tout à son honneur.
José NAWEJ