La situation de la RDC continue à hanter l’esprit du Pape François. Juste après son retour à Rome, le Souverain pontife a tenu un discours à travers lequel il a retracé son périple africain. Ses mots pour décrire la situation de la République Démocratique du Congo sont aussi forts que ceux tenus à Kinshasa.
C’est dans la salle Paul VI du Vatican que l’audience générale s’est tenue pour faire le bilan de son périple africain dans sa première catéchèse. Particulièrement pour la RDC, les mots ont encore été très saisissants et interpellateurs comme ce fut le cas lors de son discours au palais de la Nation à Kinshasa.
Ci-dessous, l’essentiel de ce qu’il a dit dans sa première catéchèse à Rome :
« Chers frères et sœurs, bonjour. La semaine dernière, j’ai visité deux pays africains, la RDC et le Soudan du Sud.
Je remercie Dieu qui m’a permis d’effectuer ce voyage tant désiré et rêvé. Que Dieu bénisse les congolais, gardiens d’un pays immense, pays vert de l’Afrique et l’Amazonie. Ce sont les deux poumons du monde. Terre riche des ressources et ensanglantée par une guerre pérenne du fait de ceux qui alimentent le feu.
Les trois premiers jours j’étais à Kinshasa, capitale de la RDC ; je renouvelle ma gratitude au président de la République et aux autorités du pays pour l’accueil qu’ils m’ont réservé.
Aussitôt arrivé au palais présidentiel, j’ai pu adresser un message à la nation. Le Congo est comme un diamant par sa nature, ses ressources et surtout son peuple. Mais ce diamant est devenu une source de discordes, de violences et paradoxalement d’appauvrissement pour le peuple.
C’est une dynamique que l’on retrouve également dans d’autres régions d’Afrique et qui s’applique à ce continent en général. Un continent colonisé, exploité, pillé. Face à tout cela, j’ai dit deux mots : le premier est négatif : ça suffit, arrêtez d’exploiter l’Afrique. Le deuxième est positif : Ensemble, avec dignité, tous ensemble, avec respect mutuel, Christ étant notre espérance, nous pouvons avancer ensemble sans exploiter. Et au nom du Christ, nous nous sommes réunis dans la grande cathédrale eucharistique.
A Kinshasa, il y a eu aussi d’autres rencontres avec les victimes de la violence dans Est, zone déchirée par la guerre entre groupes armés manoeuvrés pour et par des intérêts économiques et politiques. Je n’ai pas pu me rendre à Goma où les gens vivent dans la peur et l’insécurité, des vies fauchées sur les autels des affaires illicites.
Par ailleurs, j’ai eu des témoignages bouleversants des femmes victimes notamment celles qui ont déposé au pied de la croix des armes et d’autres instruments de mort. Avec elles, je dis non à la violence, non à la résignation, mais oui à la réconciliation et à l’espérance. Elles continuent de souffrir jusqu’en ce moment.
J’ai rencontré ensuite les représentants des diverses œuvres caritatives du pays pour les remercier et les encourager pour leur travail avec et pour les pauvres sans tambour ni trompette jour après jour, et qui fait croître le bien commun.
Un moment enthousiasmant a été avec les jeunes et les catéchistes congolais. C’était une immersion dans le présent dont je me projetais vers le futur. Pensant à la force pour porter cette nouvelle génération chrétienne, formée et animée par la joie de l’évangile. Je leur ai indiqué cinq voies : la prière, la communauté, l’honnêteté, le pardon et le service. Que le Seigneur entende leurs cris en faveur de la paix et de la justice.
Ensuite dans le cathédrale notre dame de Kinshasa, j’ai rencontré les prêtres, les diacres, les hommes et femmes consacrés ainsi que les séminaristes. Ils sont nombreux, jeunes car les vocations sont nombreuses. Et je remercie le Seigneur pour ça. Je les ai exhorté à être des serviteurs du peuple comme témoins de la mort de Christ en surmontant trois tentations : la médiocrité spirituelle, le confort mondain et la superficialité. Ce sont des tentations je dirais universelles. Pour les séminaristes et les prêtres, lorsqu’ils se retrouvent dans la médiocrité spirituelle, dans le confort mondain, la mondanité, c’est triste […] ».
Il faudra donc noter que son plus grand regret est de n’avoir pas pu visiter la ville de Goma en proie à insécurité dûe à l’agression dont la RDC fait l’objet de la part de son voisin le Rwanda que le Pape François, pour des raisons évidentes, n’a pu le citer nommément une fois de plus. Mais les congolais espèrent bien qu’au-delà de ces mots forts exprimés aussi bien à Kinshasa qu’à Rome, s’en suivra des actions concrètes pour aider les autorités congolaises à pacifier effectivement et définitivement l’Est du pays.
Signalons qu’arrivé à Kinshasa le mardi 31 janvier, c’est ce mardi 8 février que le Pape François est rentré à Rome via le Sud-Soudan pour son 40 ème voyage apostolique.
Wait and see !
Dieu merci KANDA MPOYI.