Le concept de masculinité positive se réfère aux traits caractéristiques et aux comportements propres aux hommes. Ce sont pour la plupart des comportements exempts de violence et qui incitent et sensibilisent les autres hommes à s’abstenir des comportements nuisibles à la femme et à l’égalité de genre.

La République Démocratique du Congo, notre pays, étant un pays qui fait face à de nombreux défis dont la persistance des violences liées au genre, il est plus qu’impérieux d’impliquer les hommes et les garçons dans une dynamique de la lutte contre les violences basées sur le genre, dans la mesure où ce sont les hommes qui sont les principaux auteurs des violences faites aux femmes.

Les normes socio-culturelles ont engendré depuis des siècles dans nos sociétés africaines des inégalités entre les hommes et les femmes de sorte que les hommes s’estimant supérieurs aux femmes, se croient dans leur bon droit de subjuguer ces êtres inférieurs.

Mais de quelle supériorité parlons-nous ? À tout le moins, il doit s’agir de la supériorité liée à la force physique de l’homme. Mais tout le monde sait que la force physique demeure la force la plus inférieure dans l’ordre des forces.

Tenez : à qui rend-on les honneurs lorsqu’un Chef de l’État, entouré de ses gardes du corps, se rend quelque part ? Assurément au Chef de l’État qui peut même être un handicapé physique et non pas à ses gardes du corps qui sont plus forts que lui physiquement.

Or, il est aujourd’hui établi que la femme est psychiquement et même spirituellement plus forte que l’homme, justement à cause de la finesse de son intuition et de sa plus grande réceptivité liée à sa forte sensibilité.
Et c’est cette richesse d’intuition qui fait que la femme comprend très facilement certaines situations et fait d’elle une bonne conseillère, une égérie.

Je ne voudrais pas réveiller en l’homme des réflexes d’autodéfense pour chercher à conserver ou à affirmer sa prétendue supériorité sur la femme.

L’objectif poursuivi ici, c’est d’arriver à briser le cycle des violences infligées à la femme en se débarrassant des stéréotypes qui accablent la femme et de promouvoir l’équilibre dans la société congolaise dominée par les inégalités.

L’égalité de genre et des droits entre l’homme et la femme ainsi que la notion de masculinité positive doivent être vulgarisées dans les milieux des garçons et des jeunes filles si l’on veut obtenir de bons résultats dans la durée.

Cette initiation à l’égalité de genre et des droits doit être étendue à toutes les catégories de la population congolaise dont la nature d’activités les met en face des femmes : policiers, chefs coutumiers, chefs des quartiers, responsables d’associations des
jeunes, enseignants et pourquoi pas jusqu’aux paysans.

Des explications doivent être données aux hommes sur ce qu’il faut entendre par la disposition du Code de la Famille congolais qui stipule que  » l’homme est le chef du ménage. »

Oui, bien sûr que l’homme est le chef mais qu’est-ce que cela signifie ?
Un chef est celui qui est au service de ceux pour lesquels il est chef. Car régner, même avec la grande rigueur, ne signifie rien d’autre que SERVIR !

En veillant à l’approvisionnement du ménage en toutes sortes de biens, en veillant à la sécurité de tous les membres de la famille et en arbitrant tous les différends et malentendus au sein de la famille, l’homme joue effectivement son rôle de chef de ménage. C’est donc en servant que l’homme est chef. C’est en cela qu’il règne et non en dominant, en s’imposant ou en écrasant !

En parlant de domination, sommes-nous sûrs qu’au foyer, c’est l’homme qui domine ? Rien n’est moins sûr, car la réalité au quotidien nous montre que ça n’a pas toujours été le cas. Car le femme obtient de l’homme et cela, dans le silence, tout ce qu’elle veut. Même si l’homme ne se l’avoue pas, la femme est le personnage central autour duquel tout tourne !

Alors, nous, les hommes, cessons de nous illusionner sur notre prétendue supériorité sur la femme.
L’homme et la femme doivent évoluer dans un espace de collaboration, d’écoute mutuel et de respect réciproque. Le foyer, le bureau, le quartier doivent offrir à l’homme et à la femme un cadre d’épanouissement de leurs personnalités respectives, un cadre semblable à un oasis de paix pour le grand bien de tous.

Alors, nous pourrions un jour célébrer ensemble les vertus d’une masculinité positive !

Par le Philosophe François NDJEKA WANDJA