Lisant le projet de loi de finances présenté ce lundi 15 novembre à l’Assemblée Nationale par le premier ministre SAMA LUKONDE, plusieurs députés aussi bien de l’Union Sacrée (majorité) que de l’opposition ne cachent pas leur désapprobation du budget présenté compte tenu du modique fonds alloué à la défense. Ce, d’autant que c’est le principal seul secteur sensé apporter la réussite de l’état de siège.

Évalué à 20 682, 6 milliards de francs congolais, plus de 10 milliards de dollars américains, soit un taux d’accroissement de 41,5% par rapport au budget initial de l’exercice 2021 chiffré à 14 620,5 milliards (cdf), ce projet de loi de finances 2022 dans sa rubrique défense contraste avec la priorité du gouvernement SAMA telle qu’il l’avait lui-même exprimé lors de son investiture: » (…) notre priorité est le rétablissement de l’autorité de l’Etat en éradiquant toutes les factions rebelles qui écument l’Est du pays »; déclarait le premier ministre peu avant la proclamation de l’état de siège.

Pour l’élu de Goma au Nord-Kivu, Jean Baptiste KASEKWA, le budget doit viser la pacification totale de l’Est, et non l’enrichissement des fonctionnaires de Kinshasa. Il a exprimé son insatisfaction en ces termes: » Le budget qui nous a été présenté ne fait nullement de la question de l’Est sa priorité. En définissant par exemple la politique de rémunération définie par le gouvernement SAMA à travers ce budget, l’on constate que la moyenne de fonds alloué au personnel de la Défense s’élève seulement à 84 dollars américains par individu par moi, alors que pour les institutions politiques comme le Sénat, en prenant le montant total que l’on divise par le nombre de personnel, il se dégage la moyenne minimum de 1900 dollars par individu le mois. A la primature, c’est 1800 dollars par individu le mois. D’où, sa rédifinition totale s’impose », estime-t-il.

Abordant dans la même logique, le député Jacques N’DJOLI, membre de L’UN, fustige la mauvaise répartition dans ce budget en rappelant au gouvernement sa mission première exprimée lors de son investiture. « Il vous souviendra que dans sa priorité, le gouvernement s’était assignée la mission de reconstruire notre système de Défense en renforçant l’autorité de l’Etat et en résolvant les défis sécuritaires. Il est Antinomique de constater, en lisant ce budget, que ce sont les services généraux dans l’administration qui sont privilégiés à hauteur de 38,21% de dépenses. Les organes exécutif et législatif que sont le gouvernement et le parlement prennent respectivement 10,43% et 11,66% du budget. En clair, les seuls organes parlement, gouvernement, présidence de la république consomment plus ou moins 22% du budget national contre 3,95% pour la Défense qui se trouve pratiquement négligée »; regrette-t-il. Et d’ajouter: » notre armée est ni équipée, ni habillée, et donc pas du tout motivée. Voilà comment nous créons nous-mêmes les conditions de notre disparition en tant que nation ».

Pour sa part, le premier vice-président de l’Assemblée Nationale, Jean Marc KABUND, peu avant la présentation dudit budget, le 12 novembre au siège du parti présidentiel UDPS devant la base du parti tenait déjà à encourager les députés à s’impliquer pour l’augmentation du budget réservé à la Défense pour permettre aux forces armées d’être efficaces lors des opérations. « Parce que nous devons finir la guerre à l’Est, nous devons avoir des militaires motivés. Si un militaire gagne 500 dollars, nous n’aurons pas de problème de recrutement. Si nous n’avons pas un effectif de deux cent ou trois cent mille hommes, nous n’allons pas finir ce problème de l’Est. C’est dire que si nos militaires sont motivés et équipés, nos militaires paacifieront l’Est en particulier. J’invite ici nos députés à doubler le budget de la Défense pour venir à bout des factions rebelles qui écument l’Est du pays »; déclarait-il.

Au moment où le bilan de l’attaque des Bashu il y a 48h ne cesse de s’accroître, déjà 38 corps comptabilisés à Béni; au moins 19 morts et 30 habitations incendiées dans une attaque des miliciens près de Bunia avant-hier; 6 morts et plusieurs blessés dans une attaque contre un site des déplacés à Mikenge; la liste n’est pas exhaustive, il est plus qu’impérieux de doubler comme l’a proposé J.M. KABUND, le budget de la Défense si l’on tient réellement à en finir avec l’insécurité chronique de l’Est du pays.

A ce propos, le récit de notre confrère Israël MUTOMBO qui revient d’une tournée d’investigation dans cette partie du pays en est une illustration éloquente. Il est anormal que l’on prétende vouloir mettre fin à l’effusion de sang à l’Est, mais en lésinant sur les moyens. « Je ne me sentirai pleinement président de la république que lorsque je ramènerai la paix totale à l’Est »; parole de F. TSHISEKEDI devant la population gomatracienne.
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KML