Les Congolais vivent dans leurs poches, dans leurs paniers et dans leurs ventres l’agonie du franc congolais. Dans la salle des urgences, les médecins croient au miracle. Ils rivalisent d’initiatives pour sauver le » mwana mpwo » grabataire.

Vont-ils trouver l’antidote à cette détérioration continue de l’état de santé du franc ? Pas sûr. Car, en fait de thérapie à administrer au malade, les toubibs ont recours à une batterie de calmants qui, par définition, ne guérissent mais soulagent pour un temps.

Des sédatifs qui ont déjà autant fait leurs preuves ont montré leurs limites. Des tranquillisants qui confèrent l’illusion d’un mieux-être. Et une fois le principe actif arrivé à péremption, les vieux démons de la maladie réapparaissent ! Comme pour signifier que l’on ne saurait faire longtemps l’économie d’un remède de cheval.

En l’occurrence, pas besoin d’être crack en économie monétaire pour comprendre que le franc congolais souffre d’un mal non conjoncturel, mais structurel. On ne revigore pas dans la durée une monnaie lorsque la production ne suit pas. Quand on y ajoute la forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour quasiment tous les biens de consommation courante, on comprend que le règne du dollar soit sans partage. Tant qu’on ne sortira de ce chiasma vicieux, à savoir produire ce qu’on ne consomme pas et consommer ce qu’on ne produit pas.

La solution ? Il n’en y a pas 36. C’est la diversification de l’économie qui passe notamment par la valorisation de l’agriculture. De cette potion magique plus particulièrement, tous les gouvernants en parlent en chœur et par cœur. De l’agriculture » priorité des priorités » chère au Maréchal Mobutu à la » revanche du sol sur le sous-sol « , trouvaille du Président Tshisekedi en passant par la » révolution de la modernité » lancée par le Rais Kabila, tout a été décliné à travers les différents régimes qui se succèdent à Kinshasa.

Seulement, ces belles formules demeurent confinées dans les discours. Lorsqu’elles en sortent, c’est pour enrichir la galerie de slogans constitutifs d’éléments de langage des zélateurs du pouvoir d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui.

En un mot comme en cent, pour son sursis le franc congolais a, certes, besoin, des tranquillisants. Bonjour la sempiternelle solution ponctuelle ou conjoncturelle ! Mais, la guérison de la monnaie nationale requiert bien plus que de simples sédatifs. Cette thérapie structurelle se fait toujours attendre.

José NAWEJ